Un concept de sécurité électrotechnique

L’ordonnance sur le courant fort prescrit à l’exploitant d’élaborer un concept de sécurité électrotechnique. En quoi ce concept de sécurité doit-il consister? Quelle est son utilité pour l’entreprise? Swisscom démontre son expérience.

Pour pouvoir proposer des services de télécommunication, l’entreprise a besoin d’électricité. Des batteries et des installations de secours permettent d’assurer le bon fonctionnement de ces services pendant quelques heures, voire quelques jours, en cas de panne du réseau.

Outre deux bonnes douzaines de centres de données, Swisscom exploite quelque 900 centraux ruraux, ainsi que plus de 10 000 petits relais offrant des services de télécommunication.

Ces chiffres sont révélateurs de l’importance d’une alimentation électrique opérationnelle pour Swisscom. Mi-2015, nous avons constaté que nos prestations n’étaient pas optimales dans le domaine de la sécurité électrotechnique. Ce constat, nous le devons aux listes de défauts établies par l’Inspection fédérale des installations à courant fort (ESTI).

Cette situation a conduit le directeur du département General Infrastructure Management à initier un projet en vue d’y remédier. Les objectifs du projet furent les suivants:

  1. l’élaboration d’un concept de sécurité électrotechnique régissant la conformité légale, l’entretien et la surveillance des installations électriques de Swisscom;
  2. la mise en œuvre opérationnelle et durable du processus;
  3. la proposition d’une solution économiquement viable.

Pourquoi élaborer soi-même un concept de sécurité?

Cette question ne se posait pas car Swisscom avait déjà tenté de le faire, en vain. Les raisons de cet échec étaient multiples.

  1. Employant environ 19 000 personnes et gérant plus de 10 000 objets de télécommunication (centres de traitement de données, centraux, stations de base de téléphonie mobile, armoires d’extérieur, etc.), Swisscom est une entreprise à la fois grande et complexe. Il est dès lors difficile pour une société extérieure d’élaborer un concept complet.
  2. L’acceptation d’un concept élaboré en externe n’est pas toujours assurée.
  3. Et dernière raison et non des moindres, une instance doit être désignée en interne pour poursuivre le développement du processus, faute de quoi une telle action se solderait par un échec.

Ces considérations ont donc conduit à lancer son propre projet en interne. Sa direction a été confiée à un chef de projet Swisscom. Celui-ci a décidé que toutes les instances impliquées devraient participer à l’élaboration du concept de sécurité.

Toutes les parties prenantes participeraient à son élaboration

L’équipe du projet a été constituée de collaborateurs de Swisscom et du gestionnaire d’installations ISS Facility Services AG (ci-après dénommé ISS) lors d’une réunion de concertation. À la fin du projet, il s’est avéré clair que cette collaboration avait été l’un des facteurs de réussite les plus importants.

Dans l’élaboration de tout concept, il est judicieux d’impliquer les personnes concernées dès le début du processus. Cette concertation a conduit à intégrer les personnes et les groupes suivants dans l’équipe en charge du projet.

  1. L’exploitant des installations électriques et le responsable de la sécurité du groupe Swisscom.
  2. Il a été possible d’intégrer un membre de la direction d’ISS en tant qu’exploitant d’installation. Cela a permis de s’assurer de toute l’attention et du soutien de la direction générale des deux parties.
  3. La coopération avec l’ESTI et Electrosuisse a été précieuse pour mener à bien le projet. Elle a permis de clarifier d’emblée certains points et d’intégrer les décisions dans ce concept de sécurité électrotechnique.
  4. Les collaborateurs de différentes entités fonctionnelles au contact des installations électrotechniques.

Documentation constituée par l’équipe en charge du projet?

Seule l’élaboration d’un concept de sécurité électrotechnique n’est pas achevée. Pour la mise en œuvre du concept, d’autres consignes et documents sont nécessaires. Les plus importants sont présentés ci-dessous.

  1. Le concept de sécurité électrotechnique: il s’agit du document principal. L’équipe en charge du projet est immédiatement tombée d’accord sur le fait que toutes les consignes doivent être traitées dans un seul document. Pour les utilisateurs, rien n’est plus fastidieux que de devoir consulter différents documents.
  2. Pour documenter les rôles concernés de manière optimale, huit guides de poche différents ont été élaborés. Il s’agit d’extraits du document général, très complets, indiquant à chaque partie ce qui la concerne spécifiquement.
  3. Le dossier sécurité: pour l’équipe en charge du projet, il était important que les documents soient présentés de manière cohérente. Il est en effet plus simple pour les différents collabora­-teurs de les contrôler ainsi, même s’ils ne sont pas spécialistes en électricité. Cela nous a conduits à constituer un dossier sécurité comprenant les documents suivants: tâche, ordre de manœuvre, avis d’installation, rapport de sécurité, protocole de mesure et d’essai, avis d’achèvement.
  4. Les supports de cours: présentations et divers films.
  5. Les vidéos explicatives: deux vidéos explicatives ont été tournées afin de compléter la description du déroulement du processus et des activités sur les installations électriques. Elles ont été très bien accueillies par les collaborateurs.

 

L’équipe en charge du projet avait conscience de la nécessité de rédiger le document principal de manière intelligible pour faciliter sa lecture et sa mise en œuvre. Pour garantir la qualité élevée du document principal, il a été lu à plus de 30 personnes et a recueilli de précieux commentaires. Un travail confié à des collaborateurs de Swisscom, d’ISS et du personnel extérieur. Cette méthode a permis d’obtenir un document de grande qualité, mais également un taux d’acceptation élevé pour le travail effectué.

Le concept impliquait la nécessité de qualifier toutes les personnes concernées

L’un des objectifs les plus importants du projet était la qualification des personnes participant au processus. Cette opération a été menée par l’équipe en charge du projet. Nous devions en effet élaborer le document principal ensemble et les collaborateurs de Swisscom et d’ISS devaient pouvoir coopérer ultérieurement dans le processus.

Dans un souci d’équité envers les différents rôles, trois cours différents ont été proposés, chacun constitué de différents modules.

  1. Cours A: exploitant et exploitant d’installation.
  2. Cours B: personnes averties.
  3. Cours C: responsables de l’installation, chargés de sécurité électrotechnique, personnes du métier de l’entreprise.

Les formations ont été dispensées de début décembre 2016 à la fin janvier 2017. Cette période prolongée a permis de former la plupart des collaborateurs. Pour les quelques personnes qui n’étaient pas disponibles et toutes les autres qui joueront un rôle important dans le processus ultérieurement, la formation a été filmée et les vidéos sont à la disposition des autodidactes.

Quelles conclusions pouvons-nous présenter?

L’énumération ci-dessous recense les conclusions tirées et classées par ordre d’importance.

  1. Si vous êtes exploitant (au sens de l’art. 20 de la loi sur les installations électriques) et que vous ne disposez pas encore d’un concept de sécurité électrotechnique, il vous est recommandé d’en élaborer un rapidement sous peine de courir un risque juridique inutile.
  2. Si vous élaborez un concept de sécurité, assurez-vous que l’exploitant fait partie de la direction de l’entreprise.
  3. Élaborez le concept de sécurité électrotechnique vous-même. Si vous l’achetez, vous courez le risque de le voir disparaître au fond d’un tiroir. Il sera alors inutile. Si vous élaborez le concept de sécurité électrotechnique vous-même, faites-vous aider par une personne compétente. À cette fin, nous avons fait appel à un spécialiste extérieur. Sans lui, nous n’aurions pas obtenu un résultat aussi satisfaisant.
  4. Si vous en avez la possibilité, appliquez un concept pilote. Nous avons testé le concept de sécurité électrotechnique sur trois sites et enregistré les résultats en continu.
  5. Chargé de sécurité électrotechnique: l’équipe en charge du projet doit s’acquitter de sa tâche dans le délai fixé. Pour ce processus, il est cependant primordial qu’il soit exécuté, surveillé et affiné. De plus, il était extrêmement important qu’un chargé de sécurité électrotechnique puisse être désigné.
  6. Si certains aspects juridiques vous semblent obscurs, vous pouvez les clarifier pendant l’élaboration du document. Dans le déroulement de notre projet, nous avons été très satisfaits de notre coopération avec l’ESTI et Electrosuisse.
  7. Il est judicieux de former les collaborateurs dans leur langue maternelle, mais également de leur fournir les documents les plus importants dans une autre langue qu’ils maîtrisent. C’est pourquoi nous avons opté pour une formation en classe. Bien entendu, il est également possible de la dispenser en ligne. Dans ce cas, il convient toutefois de pouvoir répondre aux questions des participants. Nous avons élaboré tous les documents importants dans les trois langues officielles, ainsi que toutes les formations en allemand et en français.
  8. Pour être utile, un tel processus doit être apprécié des participants. C’est pourquoi un contrôle professionnel est nécessaire. Dans cette optique, nous avons mis au point un concept d’audit que nous avons testé sur différents sites. Ce qui a permis d’apporter rapidement des améliorations notables.
  9. Toute la documentation importante pour les participants doit être mise à disposition sur une plate-forme facile d’accès. Nous avons mis notre documentation à disposition sur le site Web suivant: www.swisscom.ch/electro.

Un concept de sécurité électrotechnique est-il rentable?

La solution la plus coûteuse consiste à ne rien faire. Ce n’est alors qu’une question de temps avant qu’un incident ne se produise, entraînant des préjudices corporels ou des dommages matériels. La seconde solution la plus coûteuse consiste à acheter simplement un concept de sécurité électrotechnique et à l’oublier dans un tiroir. Dans ce cas, vous avez dépensé de l’argent pour un processus qui restera sans effet.

La solution la plus avantageuse consiste à élaborer rapidement un concept de sécurité électrotechnique. Vous avez ainsi l’assurance d’être en conformité avec la loi. Si certains aspects du processus vous semblent encore obscurs, vous pouvez les clarifier immédiatement.

Dans le cas de Swisscom, il apparaît qu’en évitant des activités inutiles (qui ne sont pas exigées par la loi) et en clarifiant les incertitudes juridiques, le concept est amorti en un an.

Pour améliorer encore la rentabilité, un outil informatique basé sur le Web (processus d’exécution des tâches et justification de la sécurité) est en phase de test pour la prise en charge des participants. Nous recensons actuellement les besoins et les exigences métier.

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