Sauver les faons

Depuis de nombreuses années, les membres de la Fédération des Sections Vaudoises de la Diana (FSVD) parcouraient à pieds les prairies avant la fauche afin de découvrir les faons cachés dans les hautes herbes. En effet, les chevrettes mettent bas pendant les mois de mai et de juin. Maintenant, les drones sont utilisés.

<li class="artikel_legende">Photo: Raymond Bourguignon</li>
Photo: Raymond Bourguignon

Cette stratégie leur est hélas fatale lorsque l’agriculteur fauche son pré. Au lieu de s’enfuir, les faons restent immobiles et n’ont aucune chance de survie. De plus, de nos jours, les tracteurs ont des vitesses de travail très rapides, sur d’importantes largeurs, ce qui souvent se révèle fatal pour les faons et les mères restées à proximité.

Drones équipés de caméras thermiques

Les méthodes traditionnelles de détection des faons par battues, avec ou sans chien, ainsi que les techniques pour effrayer les mères, ne donnent pas de résultats suffisants. On estime le succès de ces pratiques à environ 50%. Sur la base de ce résultat assez maigre, la FSVD a créé en 2017 une commission «Sauvetage des faons». Elle avait pour mission de trouver une méthode plus efficace afin de sauver ces jeunes ongulés. Après étude et recherche, nous avons découvert que l’utilisation de drones avec caméra thermique était une solution qui semblait adéquate. Afin d’élaborer cette méthode, une région test a été choisie (La Côte). Nous avons recherché des pilotes de drone qui utilisaient des caméras thermiques. Par presse ou par messagerie, nous avons contacté de nombreux agriculteurs pour leur faire part de notre projet. Une recherche de fonds a été entreprise afin de pouvoir couvrir les frais de cette démarche.

Sauvetages réussis et appel de fonds

Le succès a été total puisque sur 47 parcelles contrôlées, nous avons pu sauver 32 faons. Après la campagne 2017, convaincus que nous pouvions sauver des centaines de faons sur l’ensemble du canton de Vaud, nous avons entrepris des démarches afin de recueillir des fonds pour financer des drones. Début 2018, nos ­finances nous permettent d’acheter cinq drones. De plus, des pilotes dont les drones sont équipés de caméras thermiques nous rejoignent. Nous organisons le canton en cinq régions avec à leurs têtes un responsable régional. C’est donc une escadrille de dix drones qui sera mise à disposition de nos agriculteurs. Ces derniers, grâce à une collaboration étroite avec Prométerre, ont été contactés pour les informer de ce service mis à leur disposition gratuitement.

Les agriculteurs acquis

En 2018, l’intérêt et la demande de nos agriculteurs augmentent. Le spectacle d’un faon mutilé ou haché est toujours un traumatisme pour eux et leur chair génère des bactéries (botulisme) qui nuisent à la qualité du fourrage, ce qui est mortel pour le bétail. Ce sont donc 237 agriculteurs qui nous contactent, 446 prairies ont ainsi été survolées, et ce sont 254 faons qui ont été sauvés. De plus en plus de personnes sont intéressées à notre activité. Nombreux sont les pilotes qui s’associent, ainsi que les personnes qui se proposent comme assistants. Ces derniers proviennent de tous les milieux: ONG, amoureux de la faune et de la nature.

Une fondation pour le sauvetage des faons

Au vu de ce résultat, la FSVD décide en 2019 de créer une Fondation Sauvetage Faons Vaud. Cette dernière sera composée de chasseurs, de pilotes de drone, d’agriculteurs et des personnes mentionnées ci-dessus. Tous ces milieux sont ­représentés au sein de son conseil de fondation. Grâce à l’apport de dons en provenance des sections de la Diana vaudoise, de privés, de fondations, des communes vaudoises et d’entreprises, nous avons pu acquérir cinq drones supplémentaires. Ce sont donc 16 drones qui peuvent ainsi survoler les prairies en 2019.

Les membres de la Fondation, forte d’un peu plus de 100 personnes, ont reçu une formation. La division Biodiversité et Paysage du canton de Vaud (DGE-BIODIV), sensible à notre action, nous a aidé à la mise en place d’un cours dont le thème parlait de la sécurisation du faon après sa détection. De plus, tous les participants ont reçu un courrier mentionnant qu’ils étaient autorisés à manipuler ces petites bêtes sauvages. Il faut savoir que la loi interdit la manipulation de bêtes sauvages par des personnes non formées.

Pour cette saison, qui arrive bientôt à son terme, nous n’avons pas encore les résultats, mais nous avons reçu beaucoup plus d’appels qu’en 2018. Afin de garantir la pérennité de cette action, nous faisons naturellement un appel aux dons à toutes les entreprises et les privés qui désirent nous soutenir.

Infos: www.sauvetage-faons-vaud.ch

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