Médicaments au volant: un danger sous-estimé
Les médicaments peuvent altérer la capacité de conduire, mais ce danger est souvent sous-estimé sur les routes suisses. Au travers d’une nouvelle campagne, le bpa – Bureau de prévention des accidents, la Fédération des médecins suisses (FMH) et la Société suisse des pharmaciens (pharmaSuisse) souhaitent sensibiliser les conducteurs à l’influence des médicaments sur la conduite et ainsi contribuer à une diminution du nombre d’accidents graves.
© bfu
Conduire un véhicule motorisé exige de disposer des capacités physiques et psychiques requises. Ce principe est inscrit dans la loi fédérale sur la circulation routière. Ayant des effets sur le système nerveux central, l’alcool, les drogues, mais aussi les médicaments exercent une influence négative sur la capacité de conduire. Les connaissances actuelles concernant le potentiel de risques que comporte la conduite sous l’influence de médicaments et le rôle de ces derniers dans les accidents sont beaucoup moins avancées qu’elles ne le sont pour l’alcool par exemple.
Contrairement à l’alcool, les médicaments sont des substances variées qui possèdent différents effets (ils peuvent par exemple être stimulants, calmants ou sédatifs). Dans le cadre d’une étude réalisée en Suisse romande, il est apparu qu’environ 10% des conducteurs de véhicules se trouvaient sous l’influence de médicaments susceptibles d’altérer la capacité de conduire. A titre comparatif, la part des conducteurs sous l’emprise de l’alcool ou de drogues était deux fois moins élevée (respectivement 4,7% et 4,2%). Pour cette enquête, environ un millier de conducteurs de véhicules à moteur ont été arrêtés par la police afin de prélever des échantillons de salive qui ont ensuite été analysés en laboratoire.
Environ 150 blessés graves ou tués par année
Selon les statistiques des accidents recensés par la police, environ 150 personnes sont grièvement blessées ou tuées sur les routes helvétiques chaque année du fait de la prise de médicaments ou de drogues. Il faut toutefois tenir compte du fait que ce problème est fortement sous-estimé et que selon plusieurs études, ce nombre est en réalité encore plus élevé. En Suisse, on compte quelque 3500 médicaments autorisés qui sont susceptibles de compromettre la capacité de conduire. Les spécialistes doutent que les patients soient suffisamment informés par leur médecin ou leur pharmacien sur le risque que la prise de leur médicament ait des effets involontaires sur leur capacité de conduire, a fortiori lorsque plusieurs médicaments sont associés (polymédication). Une consommation d’alcool concomitante accroît encore ces effets indésirables. A cela vient s’ajouter le fait qu’un certain nombre de médicaments pouvant altérer la capacité de conduire sont disponibles sans ordonnance.
Il ne faut toutefois pas oublier qu’un certain nombre de médicaments permettent à des personnes atteintes de maladies comme l’épilepsie ou le diabète de conduire, ce qui leur serait impossible sans traitement, ou réduisent les risques d’accidents liés à ces maladies.
Idées préconçues par rapport aux médicaments
La campagne de prévention «Médicaments au volant» se fonde notamment sur une analyse qui a mis au jour des points intéressants:
- Trop souvent, les conducteurs n’ont pas conscience des effets indésirables des médicaments sur leur capacité de conduire. C’est en particulier le cas lorsque plusieurs médicaments sont associés (polymédication), dont les effets indésirables peuvent s’additionner et influer sur la capacité de conduire. La consommation d’alcool concomitante est susceptible de renforcer encore les effets indésirables sur la capacité de conduire.
- De même, on présume très couramment à tort qu’il ne faut faire preuve de prudence qu’avec les médicaments soumis à ordonnance.
- Si le pharmacien ou le médecin n’attire pas l’attention sur les effets indésirables comme la fatigue ou une baisse de concentration et de la capacité de réaction, beaucoup croient qu’ils peuvent encore conduire un véhicule sans problème.
C’est donc sur ces points qu’entend intervenir la campagne de sensibilisation et d’information du bpa qui a été développée en étroite collaboration avec pharmaSuisse et la FMH.
Responsabilité commune des patients et des spécialistes
Les pharmaciens et les médecins jouissent d’une bonne crédibilité en tant que conseillers en matière de santé. Leurs recommandations sont le plus souvent suivies. Par conséquent, ils ont une grande responsabilité dans ce contexte. Bien entendu, la guérison du patient ou l’apaisement de la douleur jouent un rôle prépondérant. Les effets indésirables ne doivent cependant pas être minimisés ou tus. Les patients doivent également être informés en détail lorsqu’il existe des risques que leur capacité de conduire soit altérée, à fortiori lorsqu’ils prennent plusieurs médicaments à la fois.
Souvent, les conducteurs ne lisent les notices d’emballage – lorsqu’ils les lisent – que dans le but de se renseigner sur la posologie ou sur les effets sur l’organisme, ou encore en cas de grossesse. Il est plus rare qu’ils cherchent explicitement à se renseigner au sujet des effets sur la capacité de conduire. Il est donc nécessaire d’agir.
Avec son slogan «Demandez si ça roule!», la campagne du bpa, de la FMH et de pharmaSuisse a donc pour but de sensibiliser les patients à la problématique des médicaments au volant et ainsi contribuer à une diminution du nombre d’accidents graves. La campagne se décline sous forme d’affiches, de vidéos, de flyers et d’autocollants à apposer sur les emballages des médicaments concernés. Le matériel de campagne mis gratuitement à disposition des professionnels de la santé soutient ces derniers dans leur travail de sensibilisation et peut être commandé sur le site Internet de la campagne.
En tant que conducteur, si vous prenez des médicaments, soyez attentifs aux points suivants
En tant que conducteur, si vous prenez des médicaments, soyez attentifs aux points suivants:
- Avant de prendre un médicament, demandez à votre médecin ou pharmacien s’il peut représenter un risque pour la conduite d’un véhicule.
- Lisez la notice d’emballage: elle vous renseigne quant aux éventuels effets du remède sur votre capacité de conduire.
- Respectez le dosage prescrit. Notez également que renoncer à prendre des médicaments importants pourrait s’avérer dangereux au volant.
- Évitez de consommer de l’alcool ou des drogues lorsque vous prenez des médicaments
Consultez le site www.medicaments-au-volant.ch